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Caméra oeil

Autour de l'image

Cinéma français

Des Frères Lumière aux Enfants du Paradis

  • Le cinématographe Lumière

À la fin du xixe siècle, pendant les années héroïques du cinéma, la France fournit plusieurs pionniers importants. En premier lieu, les frères Auguste et Louis Lumière, inventeurs du cinématographe. Le 13 février 1895, ils déposent le brevet du Cinématographe avant de présenter, le 22 mars 1895, en projection privée à Paris à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, la Sortie de l'usine Lumière à Lyon. Après une tournée triomphale en France devant des spectateurs choisis, les Frères Lumière tentent l'expérience commerciale. Le 28 décembre 1895, la première projection publique et payante se déroule à Paris dans le salon indien du Grand Café, 14 Boulevard des Capucines. Au programme notamment l'Arroseur arroséle Repas de bébéla Sortie de l'usine Lumière à Lyon. 35 spectateurs payants sont recensés le premier jour ; 35 francs de recette et 5 francs de bénéfice pour un loyer fixé à 30 francs, l'affaire était encore rentable. Suite aux articles élogieux de la presse parisienne, 2000 à 2500 spectateurs se pressent rapidement tous les jours ; le loyer reste lui fixé à seulement 30 francs par jour pour une durée minimum d'un an, contrat oblige. L'affaire devient très juteuse. 1895 est bien l'an 1 du cinéma.

Le genre en vogue est clairement le documentaire. Les opérateurs se contentent le plus souvent de poser leur caméra pour filmer la vie telle qu'elle est au bout de la rue ou à l'autre bout du monde.

Les frères Auguste et Louis Lumière ont permis le passage délicat entre l'époque des chercheurs et celle des utilisateurs. Et les utilisateurs sont nombreux à se presser chez les Lumière pour se lancer dans la cinématographie.

  • Débuts du cinéma français

De Charles Pathé à Léon Gaumont, en passant par Alice Guy et Georges Méliès, les vocations ne manquent pas. Lumière, Pathé et Gaumont montent les premiers empires du cinéma, inondant le monde de leurs productions. Le cinéma est alors exclusivement muet et la barrière de la langue n'existe pas. L'image est, elle, universelle. On estime que la France produit alors près de 80 % des films dans le monde. Il s'agit pour l'essentiel de courts-métrages et deserials. Les Français jettent les premières bases des majors actuelles avec contrôle des tournages et des salles. Les Français chassent même sur les terres américaines, sous le nez d'Edison, fou de rage. Ce dernier exige, et obtient, l'expulsion des équipes de tournage françaises et fait notamment fermer en avril 1897 la filiale américaine de la compagnie Lumière.

Les premiers à envisager le cinéma non plus comme un témoignage mais comme un art sont Alice Guy et Georges Méliès. Ils utilisent les trucs et astuces en usage dans le monde des illusionnistes et les adaptent pour le cinéma. Si les Frères Lumière ont inventé le cinématographe, Alice Guy et Georges Méliès ont mis au monde l'art cinématographique. Alice Guy signe en 1896 le premier film de fiction "La Fee aux choux", Georges Méliès signe en 1902 le premier film de Science-fiction, le Voyage dans la Lune. Méliès réalise plus de 500 courts métrages souvent peint à la main, Alice Guy realise plus de 600 films, souvent peints à la main, les autres grands noms du cinéma muet sont le burlesque Max Linder, qui sera plus tard la source d'inspiration de Charles Chaplin, et Louis Feuillade, réalisateur des premiers serials de la Gaumont : Fantômas et les Vampires.

On conserve aujourd'hui bien peu de films de cette période héroïque qui fut très prolifique. La pellicule était souvent grattée et réutilisée, parfois plusieurs fois, effaçant à jamais nombre d'œuvres. Méliès, lui-même, agissait ainsi.

  • Apogée du muet : le cinéma français sur la défensive

Le problème du son mobilise quelques esprits et on met en place à Paris plusieurs salles sonorisées dès 1912, le Gaumont Palace au premier chef. Les premières phonoscènes premier film chantant, sont réalisées par Alice Guy pour la Gaumont dès 1903. Les compagnies sont toutefois hostiles à cette évolution et parviennent à bloquer toute évolution en ce sens. L'enjeu linguistique était déterminant car la France, désormais grignotée par les productions américaines et danoises notamment, ne pouvait pas se permettre le luxe de se contenter du seul marché francophone. On attendra donc deux décennies pour progresser à ce niveau, mais les compagnies françaises n'ont plus alors le gabarit de leurs homologues d'avant-guerre. Dès le déclenchement de la Grande Guerre, tous les tournages sont interdits car la pellicule coûte trop chère en matières premières, toutes dévolues à l'effort de guerre. Les Américains profitent de l'aubaine (dès 1919, 80 % des entrées en France sont réalisés par des films américains), de même que les allemands (première industrie cinématographique au monde au début des années 1920, grâce à la superinflation). De plus, les règles du jeu cinématographique ont changé avec l'avènement du long métrage. Le cinéma français se relève ainsi et voit émerger un mouvement souvent oublié, la première avant-garde, qui représente, avec Marcel L'Herbieret Jean Epstein, une première école de cinématographie d'importance. Elle se pose, comme il se doit, en réaction à la génération précédente et tire l'essentiel de sa substance d'une aversion définitive contre la guerre. Citons le réalisateur Abel Gance dont La Roue réalisé en 1923, est unanimement considérée comme l'une des œuvres les plus novatrices de l'époque, tant par la modernité de son montage que par l'établissement d'une sorte de sémantique du film dans la mesure où il tend à proposer, voire à imposer, une palette des différents sens d'une même "figure de style" (l'iris et la surimpression notamment). Au lendemain de la première projection, Cocteau déclara même qu'il y a le cinéma d'avant et d'après La roue. Hommage d'un maître à un génie trop souvent clabaudé. Abel Gance s'éloigne ensuite des canons de « l'avant-garde » pour signer quelques chefs-d'œuvre du cinéma muet comme le colossal et parfois grandiloquent Napoléon (1927).

Comme réaction, l'État français a implanté en 1928 un contingent de films de 1:7 (un film français pour sept films étrangers doit être montré dans les salles de cinéma françaises) pour venir en aide à l'industrie du cinéma français2.

  • Débuts du parlant

L'arrivée du cinéma parlant est un tremblement de terre qui réveille l'Endormie. 20 salles sonorisées sont recensées en France en 1929 ; elles sont déjà 1 000 en 1931 et 4 250 en 1937. Une belle génération de réalisateurs et une foule d'acteurs talentueux, venant le plus souvent du théâtre, permettent la production de plusieurs chefs-d'œuvre. Le public suit, même si on reste très loin des chiffres anglais, typiques d'une civilisation urbaine, tandis que la France compte encore la moitié de sa population à la campagne. 150 millions de spectateurs en 1929, 234 en 1931 puis 453 en 1938 (avec une baisse en 1932, d'où l'instauration en 1933 du « double programme », deux long-métrages par séance pour le prix d’un seul, généralement un américain et un français), la progression est belle. Elle s'arrête provisoirement là, car une grève paralyse pendant plusieurs mois le monde cinématographique français au premier semestre 1939. La guerre mettra tout le monde d'accord… La première Trust est créée, sous l'influence du modèle commercial de développement cinématographique américains (les grosses sociétés de production) par Marcel Pagnol après que ce dernier ait quitté le théâtre en 1934. Il possédera ainsi ses propres studios et matériel technique, et produira des films même au cours de l'occupation lors de la seconde guerre mondiale. Ils seront rachetés par la Gaumont au cours de la même période. La période révèle les premières vedettes du cinéma parlant. Citons ici Arletty, Annabella, Louis Jouvet, Victor Francen, Charles Boyer, Mireille Balin, Viviane Romance, Pierre Fresnay, Harry Baur, Charles Vanel, Albert Préjean, Madeleine Renaud, Pierre Blanchar, Fernand Gravey, Pierre Richard-Willm, Fernandel, Jean Gabin, Raimu, Danielle Darrieux et Michel Simon du côté des acteurs, Sacha Guitry, Julien Duvivier, Jean Renoir, René Clair, Jean Grémillon, Henri Decoin, Marcel Pagnol pour ne citer qu'eux, chez les réalisateurs.

  • 1940-1945 : le cinéma sous l'occupation

Contrairement à une légende répandue, le cinéma français ne retrouve jamais ses niveaux d'avant-guerre pendant le conflit. La meilleure année, 1943, on atteint exceptionnellement la barre des 304 millions de spectateurs. En dépit de la baisse des revenus financiers, et du manque de moyen, la qualité cinématographique reste souvent remarquable. Les Enfants du paradis, chef-d'œuvre tourné pendant le conflit, fut réalisé avec une bonne dose de système D afin de compenser les carences financières. Certains acteurs s'imposent alors comme d'immenses stars prestigieuses et populaires : Fernandel, Pierre Fresnay, Gaby Morlay, Michel Simon, Jules Raimu, Albert Préjean, Pierre Richard-Willm. Les disparitions tragiques du monstre sacré Harry Baur et du jeune Robert Lynen symbolisent ces heures sombres. Enfin des réalisateurs tels que Jean Renoir et René Clair partent aux États-Unis pour revenir en France après la guerre.

  • 1945-1980 : qualité française, nouvelle vague, cinémas populaires

L'acteur star des années trente Pierre Blanchar se présente comme le porte-parole de la libération française. Contraintes par les accords Blum-Byrnes entre la France et les États-Unis, les salles françaises connaissent un nouveau raz-de-marée de films américains. Il fallait rattraper quatre ans de guerre et le Dictateur, réalisé en 1940, est en tête du box-office français en 1945 - tout un symbole. Il en est de même pour Autant en emporte le vent. De plus, c'est dans lesannées 1950 et 1960 que le cinéma américain connaît son âge d'or. Films noirs, comédies musicales, westerns, comédies sophistiquées interprétées par les grandes stars hollywoodiennes déferlent sur la France, à la grande joie d'une jeune génération de cinéphiles et au grand dam d'une production française qui a du mal à retrouver son lustre d'avant-guerre. En 1946 est créé le Centre national de la cinématographie (CNC) pour organiser et soutenir le cinéma français. Il est placé sous l'autorité du ministère de la Culture. En 1948, une taxe est prélevée sur chaque billet pour aider au redressement de l'industrie cinématographique. En effet, en 1948, un film a un budget moyen de 30 millions de francs alors que ses recettes ne lui rapportent que 24 millions3. Plus tard, André Malraux, alors ministre de la culture, accentue cette aide financière. Jusqu'à aujourd'hui, les pouvoirs publics vont aider financièrement le cinéma français à résister à la concurrence américaine. Pour compenser leur faiblesse financière, les producteurs français se tournent souvent vers des coproductions avec l'Italie dont le cinéma est en plein essor. Les nombreuses coproductions avec l'Italie créent une interaction très forte entre les deux cinématographies : des stars françaises comme Alain Delon ou italiennes comme Gina Lollobrigida alternent films en France et en Italie.

Dans le même temps, le Festival de Cannes, dont le lancement fut repoussé par la guerre (créé en 1939, mais première édition en 1946), rattrape vite son retard sur son concurrent vénitien et s'affirme, très rapidement, comme le plus prestigieux des festivals cinématographiques. Le festival de Cannes, ainsi que de nombreux ciné-clubs qui se créent un peu partout en France, aussi bien dans les villes, les établissements scolaires, les entreprises et de nombreuses salles labellisées Art et Essai, permettent au cinéma français de garder une fenêtre ouverte sur le monde.

Par ailleurs, la richesse de la critique cinématographique française, qui s'exprime dans des revues spécialisées comme la Revue du cinémaLes Cahiers du cinéma ou Positif favorise l'éclosion d'une réflexion critique sur le cinéma, incomparable dans le monde, qui enfantera et accompagnera la Nouvelle Vague.

Dans les années 1950, les entrées en salle battent des records, avec une moyenne de 400 millions par an durant la décennie. Cet engouement populaire profite aussi bien aux films américains que français : c'est une période d'euphorie pour le cinéma hexagonal.

  • « Qualité française »

Pour attirer un grand nombre de spectateurs et se démarquer du cinéma américain, les producteurs français s'appuient sur les stars d'avant-guerre comme Fernandel, Michel Simon, Jean Gabin, Pierre Fresnay, Charles Boyer, Louis Jouvet, Charles Vanel, Gaby Morlay, Micheline Presle, Danielle Darrieux, Michèle Morgan. Les nouvelles stars sont  : Gérard Philipe et Henri Vidal qui resteront en haut de l'affiche jusqu'à leurs morts, Daniel Gélin, Louis Jourdan, Yves Montand, François Périer, Bourvil, Georges Marchal, Jean Marais, Simone Signoret, Martine Carol, et il faut attendre 1956 et l'arrivée de Brigitte Bardot avec Et Dieu… créa la femme pour qu'émerge une nouvelle grande star française.

Dans l'immédiat après-guerre, le cinéma français rend hommage aux résistants : la Bataille du rail de René Clément sort en 1946 et Jean-Pierre Melville adapte en 1947 le roman de Vercors, le Silence de la mer.

Mais le cinéma français des années 1950 est surtout caractérisé par ce que François Truffaut appelle en 1954 dans son article Une certaine tendance du cinéma français : la qualité française.

Celle-ci est d'abord un cinéma de studio et de scénaristes. Elle est friande d'adaptations littéraires et de films en costumes. Dans cet art du studio et de l'adaptation littéraire, Max Ophüls excelle. Dans le Plaisir, adaptation de nouvelles de Guy de Maupassant, il profite au maximum des possibilités que lui offre le studio. Mais pour Truffaut et la jeune critique française, Ophüls est le cinéaste qui confirme la règle. La qualité française est certes caractérisée par des films souvent très bien scénarisés, notamment par Jean Aurenche et Pierre Bost, mais dont la réalisation est souvent académique (peu de mouvements de caméras et de jeux de lumière, afin de respecter au mieux les exigences dramaturgiques du scénario) : le Diable au corps de Claude Autant-Lara, La Symphonie pastorale de Jean Delannoy, Jeux interdits de René Clément.

À noter toutefois, que la qualité française n'est pas forcément incompatible avec l'avant-garde : les films de Jean Cocteau en témoignent. Et, qui plus est, certains réalisateurs représentatifs de cette qualité française, ont pu ensuite être mis en avant par la Nouvelle Vague (notamment Sacha Guitry).

  • La Nouvelle Vague
  • Première génération

Inventée par la journaliste Françoise Giroud pour désigner un phénomène de société beaucoup plus large, l'expression Nouvelle Vague, appliquée au cinéma pour la première fois par le critique Pierre Billard, désigne simultanément trois choses. D'abord l'arrivée massive de nouveaux réalisateurs à la fin des années 50: plus de 200 entre 1959 et 1963. C'est le sens de l'expression à l'époque. Ensuite, parmi ces jeunes réalisateurs, le passage à la réalisation de jeunes critiques issus de la rédaction des Cahiers du cinéma, fondé en 1951 par André Bazin: François Truffaut, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Jacques Rivette et Claude Chabrol. Ce sont des cinéphiles venus de la critique et des rangs de laCinémathèque française dirigée par Henri Langlois, violemment opposés au système traditionnel de production français et son classicisme devenu accadémique, amoureux du grand cinéma de genre hollywoodien incarné par Alfred Hitchcock, John Ford, Howard Hawks, mais également marqués par Jean Renoir, Robert Bresson, Fritz Lang ou Kenji Mizoguchi. Enfin Nouvelle Vague désigne l'émergence de nouveaux langages cinématographiques représentatifs d'une modernité qui va balayer tout le cinéma mondial à cette époque. Les ex-critiques des Cahiers en font partie, mais aussi des réalisateurs comme Alain Resnais, Agnès Varda, Chris Marker, Jacques Demy, Jacques Rozier ou Jean-Daniel Pollet. On date généralement l'émergence de la Nouvelle Vague du Festival de Cannes 1959, avec la présentation de Les Quatre Cents Coups de Truffaut et de Hiroshima mon amour de Resnais.

  • Deuxième génération

Cinémas populaires

De cape et d'épée

Ce genre connut en France ses plus grandes heures de gloire durant les années 1950-60. Gérard Philipe a ouvert la voie avec sa célèbre incarnation de Fanfan la Tulipe en 1952. C'est ensuite Georges Marchal qui prit du panache avecLes Trois Mousquetaires d'André Hunebelle (1953), Le Vicomte de Bragelonne (Il Visconte di Bragelonne) de Fernando Cerchio (1954), Les Aventures de Gil Blas de Santillane (Una Aventura de Gil Blas) de René Jolivet et Ricardo Muñoz Suay (1956). Il céda la place, dès 1957, à Jean Marais qui fut le héros de La Tour, prends garde ! de Georges Lampin et enchaîna avec Le Bossu et Le Capitan en 1960, Le Capitaine Fracasse et Le Miracle des loups en 1961, Le Masque de fer en 1962. Puis c'est Gérard Barray qui prit la relève, principalement dans des réalisations de Bernard Borderie : Les Trois Mousquetaires (en deux époques, 1961), Le Chevalier de Pardaillan (1962) et Hardi ! Pardaillan(1964). Barray fut aussi le Scaramouche (La Máscara de Scaramouche) d'Antonio Isasi-Isasmendi en 1963.

Dans le genre, on trouve également des déclinaisons humoristiques comme Cadet Rousselle d'André Hunebelle (avec François Périer et Bourvil, 1954) ou historiques comme Cartouche de Philippe de Broca, La tulipe noire de Christian-Jaque et Mandrin, bandit gentilhomme de Jean-Paul Le Chanois en 1962. Sans oublier la saga sentimentale d'Angélique Marquise des Anges de Bernard Borderie avec Michèle Mercier (5 films entre 1964 et 1968).

À l'orée des années 1990 le genre trouve un nouveau souffle symbolisé par les deux adaptations réalisées avec par Jean-Paul Rappeneau (qu'il avait déjà abordé le genre en 1971 avec Les Mariés de l'an II) : Cyrano de Bergerac avecGérard Depardieu (1990) et Le Hussard sur le toit avec Olivier Martinez (1995). Une version féminine, La Fille de d'Artagnan avec Sophie Marceau, réalisée par Bertrand Tavernier en 1994, connaîtra également du succès. En revanche, quelques tentatives comiques s'apparentant vaguement au genre n'attirèrent pas beaucoup de public : Le Libertin de Gabriel Aghion (2000) ou Blanche de Bernie Bonvoisin (2002).

Comédies à la française
  • Le polar français d'Audiard à Melville

1975 à aujourd'hui : crise et renouveau du cinéma français

À partir de la fin des années 70, le cinéma français entre dans une période difficile. Le nombre de spectateurs, qui avait déjà fortement chuté en passant de 424 millions en 1947 à 184 millions en 1970, continue de décliner. La principale raison est le développement de la télévision. Les foyers s'équipent de plus en plus alors que la couleur est arrivée et que le nombre de chaînes augmente. L'arrivée de Canal+ en 1984, qui fait du cinéma l'un des éléments essentiels de sa grille, est le symbole de cette époque. Quelques films parviennent à s'imposer au box-office, comme La Chèvre (1981), Trois hommes et un couffin (1985), Jean de Florette (1986), L'Ours et Le Grand Bleu (1988).

Face à cette situation, plusieurs mesures sont prises. En 1988, le gouvernement décide de limiter la diffusion des films à la télévision (plus de diffusions le mercredi, le vendredi et le samedi). La télévision va devenir l'un des principaux financeurs du cinéma, les chaînes sont mises à contribution, en particulier Canal+. Le CNC aide également au financement de nombreux films avec l'avance sur recettes. Enfin, les petits cinémas de quartier laissent place auxmultiplexes, gérés par les grands groupes (UGC, Pathé ou Gaumont).

Après avoir touché le fond en 1992 avec 116 millions d'entrées, le renouveau du cinéma français débute en 1993 avec le triomphe des Visiteurs avec Jean Reno et Christian Clavier, plus grand succès depuis 25 ans. Plusieurs films lui emboitent le pas, comme Un Indien dans la ville (1994), Le Cinquième Élément (1997), Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2 et Le Dîner de cons (1998).

Les années 2000 confirment la bonne santé du cinéma français, avec des succès comme Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, Les Choristes ou Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Mais l'année la plus marquante de cette décennie semble être 2008, qui est marquée par l'énorme succès de Bienvenue chez les Ch'tis avec Dany Boon et Kad Merad. Il fait mieux que La Grande Vadrouille et frôle le record de Titanic avec 20 millions d'entrées.

Les années 2010 commencent, elles, en grandes pompes, avec un grand succès de l'année 2011, Intouchables, qui avec plus de 19 millions d'entrées devient le troisième film le plus vu de l'histoire du cinéma français, devant La Grande Vadrouille.

  • Financement du cinéma français

Le cinéma français compte trois modes de financement principaux : le compte spécial du Centre national de la cinématographie (CNC), le préachat des groupes de télévision et l'investissement des sociétés de production.

La part du préachat par les chaînes de télévision, qui représentait un tiers du financement d'un film français au début des années 2000, est tombée à un quart en 20054. Le cahier des charges des chaînes de télévision française comprend des obligations importantes en matière de production. Via StudioCanal, Canal+ est ainsi tenue de consacrer 20 % de ses ressources totales annuelles hors TVA à l’acquisition de droits de diffusions d’œuvres d’expression originale française5. Constitué dans une période où la télévision était perçue comme un danger pour le cinéma, cet encadrement réglementaire marquait la volonté de l'État français d'opérer une synergie entre les deux médias.

Le compte spécial du Trésor, géré par le CNC, repose en grande partie sur une taxe de solidarité prélevée sur les entrées dans les salles de cinéma6 et sur la taxe sur les diffuseurs télévisuels7. Les préfinancements accessibles auprès des chaînes de télévision et du CNC présentent l'avantage de n'exiger qu'un apport limité des producteurs disposant de peu de fonds propres. En moyenne, un tiers du budget d'un film français provient en 2005 de l'apport des sociétés de production. 10 % de cette somme est issue de financements étrangers.

Le système français vise donc à favoriser la production, en minimisant le niveau d'investissement des sociétés de production privées. Il entend soutenir la production nationale, en réduisant sa dépendance à l'égard de la demande du marché. Pour ses détracteurs libéraux, il conduit au financement d'un surplus de films non viables économiquement et empêche la constitution de sociétés de production de tailles internationales.

Le cinéma français se caractérise par un nombre important de film produits : autour de 200 en France dans les années 2000 (240 en 2005) dont 160 environ à majorité de financement français, sans compter les courts-métrages. Elle se caractérise également par la fragmentation des sociétés de production : sur les 156 sociétés ayant produit en film en 2005, 125 n'en ont produit qu'un seul. En moyenne, le budget d'un film français oscille entre 4 et 5 millions d'euros. En 2005, près d'un milliard d'euros a été investi dans le cinéma français dont 370 millions de capitaux étrangers. 72 % des 1390 semaines de tournage estimées pour 2006 se sont déroulées en France.

  • Nouvelle génération d'acteurs et de réalisateurs

Le talent des artistes, réalisateurs ou acteurs, techniciens ou intermittents, est évidemment sollicité. Après la vague des Louis de Funès, Montand, Marais, Pierre Brasseur, Bourvil, Lino Ventura, Alain Delon et autres Bernard Blier, et les inoubliables Tontons flingueurs qui mettent en valeur scénaristes et dialoguistes au même rang que les acteurs et réalisateurs, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu ou Isabelle Adjani prennent le relais. Quand Jean-Jacques Beineixréalisa Diva en 1981, il initia le début de la vague des années 1980 du cinéma français. Dans son sillage, citons 37°2 le matin (1986) de Beineix, le Grand Bleu (1988) de Luc Besson et les Amants du Pont-Neuf (1991) de Leos Carax.Jean-Pierre Jeunet, Mathieu Kassovitz représentent la dernière génération des réalisateurs au talent reconnu.

Le cinéma français contemporain se montre toujours aussi ouvert aux influences étrangères, avec, notamment, l'œuvre de Krzysztof Kieślowski- réalisateur polonais dont l'un des films les plus marquants est Trois Couleurs avec Juliette Binoche, Zbigniew Zamachowski et Irène Jacob.

  • Festivals

Le Festival de Cannes n'a jamais quitté le haut de l'affiche. Derrière ce monument historique, d'autres festivals spécialisés se montent un peu partout dans l'Hexagone, portant sur des thématiques des plus diverses, telles que le cinéma italien ou le film policier en passant par le film fantastique, le cinéma comique ou les films de femmes. Ces festivals permettant de décloisonner le territoire française : car la très grande majorité d'entre eux étant localisés en province. Paris peut se targuer d'être une grande capitale mondiale du cinéma, mais elle n'a pas de grand festival, excepté le Festival Paris Cinéma, qui n'a pas la même approche que son homologue cannois. En revanche, Paris est décisionnaire en matière de production, attire nombre de tournages français ou étrangers et fait figure de capitale mondiale de la cinéphilie. Avec 376 salles à Paris intra-muros et plus de 30 millions de spectateurs par an, la ville lumière dispose d'une base solide. L'offre cinématographique est la plus ouverte au monde avec des productions en provenance des cinq continents. La Cinémathèque, mise en place par Henri Langlois, offre de plus une collection remarquable et une programmation de grand intérêt.

Parallèlement, et afin de mettre en lumière ses vedettes, le cinéma français s'est doté d'une institution calquée sur le modèle des Oscars américains, les Césars (1976). Ce rendez-vous annuel de la profession ne permet pas de réconcilier les différentes chapelles du cinéma français : le cinéma d'auteur et son homologue plus commercial, le cinéma sérieux et la comédie… Le cinéma peut se décrire sous forme de familles et plus vraiment d'écoles ; les transferts sont rares. Cette forme de cloisonnement du cinéma français a au moins l'avantage de permettre l'exposition d'univers artistiques très différents. Cette diversité est l'une des forces du cinéma français.

 

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